C'est à un détachement britannique que l'on doit la découverte fortuite, le 30 mars 1920, de Doura-Europos. Quelle ne fut pas la surprise des soldats occupés à installer une mitrailleuse lorsque, derrière un pan de mur cédant sous le poids des armes, apparurent d'immenses fresques d'officiants remontant au début de notre ère !

En 1922, la France, alors forte de son mandat sur la Syrie, effectue les premiers dégagements avec l'aide de l'armée et les continue jusqu'en 1937 avec le concours d'une mission de l'université de Yale.

Le site est ensuite livré aux intempéries jusqu'en 1982, date à laquelle le CNRS organise trois missions sur place. Le constat s'impose : il faut préserver le site tout en vérifiant et complétant les conclusions établies au début du siècle. Une tâche immense, compte tenu de l'importance du site. Doura-Europos, " la Pompéi du désert syrien " (Rostovtzeff), s'étend en effet sur 73 ha.

La ville fut créée vers 313 av. J.-C. par l'un des successeurs d'Alexandre le Grand, l'illustre fondateur de la dynastie des Séleucides. Natif d'Europos, en Macédoine, il donna tout naturellement ce nom à la nouvelle cité. Le site est admirablement choisi puisqu'il dispose des défenses naturelles offertes par les falaises et l'Euphrate, et de ravins au nord comme au sud. A l'intérieur de l'enceinte, la ville a été bâtie par petits îlots de 2 500 m², délimités par des rues se coupant à angle droit.

Embellie au IIe siècle av. J.-C., la ville tombe aux mains des Parthes en 113. Elle n'en demeure pas moins une riche cité polyglotte, ouverte aux influences grecques, sémitiques et perses. Les différentes communautés cohabitent pacifiquement, chacune établissant ses propres lieux de culte. Les riches rives de l'Euphrate approvisionnent la cité qui prospère.

C'est sous Lucius Verus (co-empereur avec Marc Aurèle), en 165 apr. J.-C., que Doura-Europos repasse provisoirement dans l'orbite occidentale. Incorporée à l'Empire romain avec le statut de colonie (211), elle retrouve son rôle de défense des frontières, un rôle perdu durant les trois siècles d'intégration à l'Empire parthe. Les lieux de culte se diversifient encore : temple de Bêl, synagogue et chapelle chrétienne... Doura-Europos représente alors une défense avancée pour Palmyre.

Cette exceptionnelle prospérité prendra fin brutalement : en 256, le Sassanide Chapur Ier fond sur Doura-Europos, sape les défenses et pénètre dans la cité. La ville ne se remettra jamais de cette bataille.

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